Entretien Avec Benoit BITTON
ENTRETIEN AVEC UN GRIOT DES TEMPS MODERNES
Considéré comme le gardien de l’héritage culturel du peuple Bassa, Benoit BITTON est resté le même. Celui que tout le monde appelle « mbombog » est aussi artiste-musicien. ARTISTYCAM MAG est allé à la rencontre de ce personnage hors du commun.
Qui est Benoit BITTON ?
Je suis un Jeune Camerounais né le 30 août 1972, marié à Cathy Lobé qui est également artiste-musicienne, auteur-compositeur et traditionnaliste par la même occasion. Donc je suis mbombok et chanteur. La musique est un moyen d’expression tandis qu’être mbombok c’est une façon de transmettre l’héritage culturel de mes ancêtres.
Pourquoi avoir choisi la musique ?
Je n’ai pas choisi d’être musicien. C’est plutôt un héritage paternel.
Quel est votre style musical ?
Le Makounè, le Gospel et la World music.
Vos sources d’inspiration ?
Je m’inspire de la tradition Bassa puisqu’elle est riche et j’en profite pour la valoriser à travers le Makounè.
Avez-vous une idole ou un modèle dans la musique et pourquoi pas dans votre vie quotidienne ?
Dans la musique, c’est Toto Guillaume car pour moi il est le père de la musique Camerounaise. J’admire également Joseph Antoine Bell pour sa franchise.
Avez-vous une activité autre que la musique ?
Oui, je suis agent de sécurité dans le domaine informatique. Pour le reste, comme vous le savez, je suis promoteur culturel. J’aime aussi le cinéma et les voyages.
Quels sont vos atouts et vos défauts ?
Je pense que mes principaux atouts sont ma force d’esprit et mon humanisme. Mon défaut, si on peut le dire, c’est le fait que je sois assez miséricordieux. Je pardonne beaucoup, je suis également passif.
En tant qu’ homme de culture, quel regard portez-vous sur la musique Camerounaise ?
Pour moi, la musique Camerounaise n’a plus de personnalité. Nos musiciens sont les meilleurs mais il n’y a pas de politique pour que cette musique puisse prendre de l’envol sur le plan international et le comble c’est que les Camerounais n’écoutent plus leur musique au profit des rythmes étrangers.
A votre avis, que faut t-il faire pour le développement de la culture au Cameroun ?
je propose la création des états généraux de la musique pour discuter des problèmes de la musique Camerounaise.
Que pensez-vous des différents acteurs de la scène musicale et artistique du Cameroun?
Ils ne font pas leur travail. Concernant les managers, je pense qu’il n’y en a pas au Cameroun, on retrouve plutôt des rigolos qui ne pensent qu’à leurs intérêts et non aux artistes. Les hommes de médias sont des arnaqueurs. C’est un système pourri. Ils vivent selon les règles du système car la plupart des artistes souffrent, bref la chaine n’est pas constituée. Quant aux médias, ils devraient soutenir les artistes car ils sont en quelque sorte le miroir de la société. J’ai un regard très amer par rapport à ce qui se passe, c’est pitoyable dans la mesure où nos chaines de télévision et radios préfèrent jouer les musiques étrangères au détriment des musiques du terroir.
Revenons un peu à vous, combien d’albums avez-vous sur le marché ?
J’ai un album sur le marché discographique Camerounais et deux autres déjà confectionnés.
Comment devrait-on vous appeler, Majesté ou Mbombok ?
Je préfère Mbombok car c’est plus simple et plus représentatif de ce que j’incarne.
A quoi renvoi le concept NGAN LITEN LI NGOK ?
NGAN LITEN LI NGOK veut dire « la fête des peuples de la grotte ». C’est en fait une idée qui vient de la volonté de réunir tous les peuples de la grotte. C’est une opportunité pour moi de promouvoir la culture de mon peuple. C’est un rêve qui se réalise pour moi.
Des mauvaises langues disent que vous n’êtes pas assez représentatif de la culture Bassa?
Je fais ce que j’ai à faire. Je ne suis pas un adepte des jugements de valeurs.
Que pensez-vous de l’initiative ARTISTYCAM MAG?
C’est une initiative à soutenir ceci pour la bonne marche de la culture au Cameroun et je pense à juste titre que le gouvernement devrait encourager ce genre d’initiative surtout que c’est des jeunes qui en sont les précurseurs.
C’est quoi « mystères d’Afrique » ?
« Mystères d’Afrique » c’est en fait ce que je pourrais appeler une messe de réveil identitaire. Je voudrais montrer par cette émission télé que nous avons des forces, la tradition a des forces et qu’elles peuvent servir pour construire et non pour détruire. Je démontre mais je ne montre pas. Chacun à sa manière peut manifester son « mbok ».
Quelles sont vos ambitions personnelles ?
Mes ambitions sont multiples. Je voudrais mettre en place une chaine de radio, une chaine de télévision, pourquoi pas une équipe de football pour aider les jeunes qui souffrent.
Avez-vous un message à passer à la jeunesse Camerounaise et à vos fans ?
Je leur dirais tout simplement d’être déterminés dans leurs actions. À eux, entreprendre et croire en ce qu’ils font et ne jamais se décourager. A mes fans, je demande de ne pas se focaliser sur l’homme que je suis. Si par contre ma musique peut leur apporter du réconfort, alors tant mieux.
Propos recueillis par, Joseph Kono Mengo
Pour Art-magazine septembre 2010